Réglages de la vitesse en photographie

La vitesse en photographieLe flou de bougé

L’intérêt principal du bon choix de la vitesse en photographie est sans doute le besoin de netteté. Autrement dit, on cherche à gérer le flou de bougé (soit en le fuyant, soit en le recherchant).

Il y a deux sortes de flou de bougé : le flou dû au photographe et le flou dû au sujet photographié. Si pour ce dernier on ne peut pas faire grand chose, il y a quelques précautions à prendre côté photographe.

Rappelons que :

  • Il faut bien tenir son appareil, coudes au corps, la main gauche soutenant l’objectif le plus loin possible, en bloquant sa respiration.
  • On ne doit pas réduire la vitesse de prise de vue en dessous de l’inverse de la focale (équivalente).
  • Bien sûr cela dépend de chacun, chacun tremble à sa façon, mais cela dépend aussi du stabilisateur de l’appareil (ou de l’objectif).
  • L’utilisation d’un pied stable ou d’un support permet de réduire la vitesse de prise de vue.

Note : Quand je parle de focale, il s’agit de la focale en équivalence 24 x 36. Avec un réflex APS-C, vous multipliez votre focale par environ 1.5.  Avec un compact, ce sera par 2 voire 4 selon les appareils.

Le mode vitesse

Le mode “Priorité ouverture” (A) est souvent le mode le plus utilisé, mais il ne faut jamais oublier de consulter dans le viseur la vitesse calculée par l’appareil. Il faut vérifier que l’on est au dessus de la vitesse correspondant à l’inverse de la focale.

Il est donc des cas où il devient pratique de fixer sa vitesse en fonction du sujet et pour cela d’utiliser le mode “T” (ou “S” selon les marques de boîtiers.)

Exemple : Jouer sur la profondeur de champ avec un objectif de 200 mm monté sur un APS-C et prise de vue à main levée.

  1. 200 mm sur APS-C sont équivalents à une focale de 300 mm
  2. Je sais donc que je ne dois pas prendre à moins de 1/300 s
  3. Pour avoir la plus grande profondeur de champ possible, je vais monter les ISO à la limite du raisonnable, ce qui aura pour effet  de réduire l’ouverture (et d’augmenter la profondeur de champ).
  4. Pour réduire au contraire cette profondeur de champ je vais réduire les ISO, ce qui aura pour effet d’augmenter l’ouverture.
Petite profondeur de champ
Foc. équiv. 300 mm – 1/300 s à f/5.6 ISO 125
Grande profondeur de champ
Foc. équiv. 300 mm – 1/300 s à f/32 ISO 6400

Différents types de photos nécessitant un réglage précis de la vitesse :

–> Les filés

Capoera - Artshow - Flou de bougé volontaire
Foc. équiv. 60 mm 1/50 s à f/3.2 ISO 2000

Le filé est un style de photo permettant de traduire l’effet de vitesse du sujet. Celui-ci doit être globalement net, mais certaines parties doivent être juste assez floues pour qu’on reconnaisse qu’il s’agit d’un sujet en mouvement.

Quelques exemples de filés :

  • Un coureur cycliste net avec les roues du vélo floues.
  • Un avion à hélices net mais dont les pales sont floues.
  • Une voiture nette,  sur un arrière plan composé de traînées horizontales.

C’est assez difficile à faire, il faut déterminer une vitesse précise. En général, cette vitesse est de la moitié de l’inverse de la focale équivalente.

Avec un 55 mm en APS-C et sans pied photo, ce sera donc :

  • Focale équivalente 55 x 1.5 = 82.5
  • Inverse de la focale équivalente : 1/82.5
  • Moitié de l’inverse de la focale équivalente : environ 1/40 s

Pour les hélices d’avion, il faut faire des essais car cela dépend en plus de la vitesse de rotation du moteur.

On commence par faire des essais avec ce choix initial de vitesse, puis on adapte, en plus ou en moins selon le résultat obtenu.

Sur la photo ci-dessous, le mouvement est traduit par le bougé horizontal de l’arrière plan et par la trace de l’hélice.

Avion avec hélice floue
@Jean-Claude Adret : Focale equiv 460 mm 1/160 s à f/7.1 ISO 100 – sur pied.

–> Autre type de photo : les poses longues

Filé d'eau
Foc. équiv. 60 mm 1.6 s à f/8 ISO 80

Avec des vitesse de l’ordre d’une ou deux secondes, on arrive à transformer un courant d’eau en une matière douce et ouatée. Grande mode ces dernières années. L’effet est superbe sur les cascades ou sur le ressac.

Avec des temps de pose encore plus longs (20 ou 30 secondes), on arrive à quasiment supprimer tous les objets en mouvement. Les badauds qui passent devant un monument disparaissent comme par enchantement, sauf ceux qui s’arrêtent et se tiennent immobiles quelques secondes..

–> Les poses longues en plein jour

Un temps de pose de plusieurs secondes en plein jour n’est souvent possible qu’en affaiblissant la lumière qui entre dans l’objectif. Pour cela, on utilise des filtres spéciaux, dits filtres ND. Ce sont en quelque sorte des lunettes de soleil pour objectifs.

–> La photo de nuit

La photo de nuit va nécessiter des temps de pose très longs.

–> Les photos d’étoiles

Pour photographier des étoiles, on peut avoir deux approches :

  • Les étoiles doivent être nettes
  • Les étoiles doivent tracer des arcs de cercles
Étoiles nettes :

On ne considère ici que le cas où on dispose d’un pied stable mais non motorisé, un pied de photographe non spécialisé en astronomie.

Selon la focale, la direction de prise de vue et quelques autres critères, le temps d’exposition est limité par la rotation de la Terre. La société astronomique du Havre a mis en ligne un calculateur qui vous fournira la durée de pose maximum.

Étoiles en mouvement circulaire :

Pour réaliser des photos d’étoiles en mouvement circulaire, il peut arriver de devoir faire des poses de plusieurs heures.

Quelques précautions doivent être prises.

Le miroir étant relevé et l’obturateur ouvert, il y a grande consommation de courant. Il convient donc d’avoir des batteries pleines, d’autant que le froid de la nuit a tendance à diminuer les performances de ces batteries. L’idéal est d’avoir un grip (deuxième batterie fixée sous l’appareil), ou une alimentation externe sur 220V.

Autre impératif, la réduction du bruit en pose longue doit être activée. Cela implique qu’immédiatement après la fin de la prise de vue, une deuxième photo  de même durée va être prise automatiquement par l’appareil, obturateur fermé, afin de déterminer le bruit natif de l’appareil dans les mêmes conditions de température. Une fois la deuxième photo (noire) terminée, l’appareil va en analyser le bruit et soustraire celui-ci de la photo originale.

Une prise de vue de trois heures va donc durer 6 heures durant lesquelles il ne faut pas éteindre l’appareil.

Il n’est pas raisonnable de compter sur une simple réduction du bruit en post-traitement en se contentant d’exploiter la première photo. J’ai testé. Le logiciel interne de l’appareil photo est totalement adapté et plus efficace que ce qu’on pourrait obtenir en post-traitement.

–> Les hautes vitesses

Certains sujets nécessitent de très hautes vitesses de prise de vue :

Les reflets mobiles dans l’eau, la goutte d’eau qui rebondit en couronne après être tombée dans un liquide…

–> La vitesse de synchro flash

SI vous utilisez un flash, l’éclair doit se produire au moment ou les deux rideaux de l’obturateur sont ouverts. Si on prend des vitesse rapides, le premier rideau commence à se fermer avant que le deuxième ne soit totalement ouvert. On a donc apparition de bandes noires. Pour cette raison, il existe une vitesse standard de synchronisation, de l’ordre de 1/200 s selon les appareils.

Tous les réglages devront donc tenir compte de cette vitesse imposée.

Certains flashes autorisent des prises de vue plus rapide. Puisque le deuxième rideau de l’appareil photo commence à se fermer alors que le premier vient juste de commencer à s’ouvrir, on a une simple fente d’ouverture qui balaie de haut en bas la surface de l’obturateur. Le flash va donc émettre toute une série d’éclairs pour que toute la surface bénéficie de son éclairage. L’inconvénient est que la puissance de ces éclairs est nettement plus faible.